Découvrez le portrait de Pedro Winter, patron de Ed Banger Records & Musicien (Busy P).

On est rue Ramey depuis 18 ans. Ça fait un coup de vieux ! Ma vie professionnelle et musicale est complètement liée au 18^e, j’ai commencé à Abbesses, rue Durantin avec Daft Punk, en 96. Puis je suis venu ici, rue Ramey. J’ai vu le quartier changer. Il reste toujours une vie de quartier et des anciens dans le 18^e, c’est pour ça que l’on parle aussi de village ici. Il y a toujours un rapport chaleureux et une forme de tendresse ici, avec des figures comme Michou, la rue des Martyrs. J’ai grandi dans le 9^e en bas de la rue des Martyrs et doucement ,mais sûrement j’ai gravi la butte.

C’est évident ! Pour la musique électronique, le 18e a été fondamental. Il y a eu Daft Punk, les mecs de Cassius, ceux de Air qui habitaient tous ici. Au moment de la French Touch les gens se disaient il se passe un truc ici, c’était un endroit cool où tu pouvais rencontrer plein d’artistes. Le côté populaire et accessible jouait aussi, en plus d’être un quartier à mille facettes, très agréable à vivre.

Ce dynamisme est encore là, à l’heure où les gens ont tendance à s’enfermer dans leur coin, dans le 18^e, il y a cette volonté de montrer qu’on est différents. On a grandi dans une société où on nous disait qu’on était tous égaux, mais c’est faux. Je trouve que c’est mieux de se dire qu’on est pas pareils mais qu’on veut vivre ensemble et travailler ensemble, plutôt que de se mentir. Il y a des gens qui ont besoin d’aide, d’autres qui ont les moyens d’aider, là on peut faire des choses. Et cette rue Ramey est intéressante, car c’est une séparation de deux 18^e. La Goutte d’Or, qui s’est transformée depuis 10 ans, et la Butte, où on est plus proche du 16^e que du 18^e. Mais c’est ça qui me plaît et ce pourquoi je ne partirai jamais !