Nous poussons les portes de la Maison Pluriprofessionnelle de Santé Epinettes Grandes Carrières et le Docteur Mognon, enjoué nous accueille pour une visite de l’établissement. Ouvert en septembre 2019, c’est un projet dans lequel il s’est fortement investi.

Pour Koré, la Maison de Santé est un retour aux sources : né à Bichat, c’est dans la faculté de cet hôpital qu’il a effectué ses études de médecine. Il grandit à Asnières avant de devenir habitant du 18^e. Devenir médecin répondait à son besoin d’aider autrui et d’être utile à la société. «J’ai commencé à adorer ce que je faisais à partir du moment où je rencontrais des patients : on vit d’autres vies, ça nous ouvre le regard.».

Sa nature engagée le conduit, au cours de ses études, à intégrer et présider une association solidaire organisant des voyages humanitaires. Attiré par la réflexion politique et économique, il valide en 2016 un Master d’Économie de la Santé : «Il y a des éléments dans ce système qui peuvent évoluer dans le mauvais sens. Si on veut changer les choses, il faut les comprendre», nous explique-t-il. C’est à ce moment-là, au fil des rencontres, qu’émerge l’idée de créer une Maison de Santé dans le 18^e avec d’autres professionnels de santé.

Une longue élaboration s’amorce alors, soutenue par l’État, la Ville de Paris et la Mairie du 18^e, la région Île-de-France, l’URPS, l’APHP et l’Agence Régionale de Santé. Désormais ouverte, la Maison compte 5 médecins généralistes, 4 infirmiers et 2 sages-femmes. Le travail de chacun est réparti entre les consultations sur place et les visites à domicile, incontournables selon Koré, du fait des difficultés rencontrées par les nombreuses personnes âgées isolées que compte l’arrondissement.

Plusieurs idées sous-tendaient ce projet. La première est de s’adapter aux besoins des habitants du territoire de la maison de santé, avec une approche globale de leur santé, un suivi adapté à leur situation aussi bien médicale que sociale et la possibilité de dispenser de l’éducation thérapeutique. L’accès aux soins est facilité par la pratique du tiers-payant, dans le cadre du secteur conventionné 1. Un autre élément central pour les professionnels de la maison de santé est le travail en équipe autours des patients. Ce projet répond aussi à la nécessité de reconstruire un lien avec l’Hôpital, parfois distendu. «Si on ne travaille pas ensemble, on ne peut pas dépasser sa propre vision du monde.», nous explique Koré.

Le Dr Mognon souhaite vivement que ce modèle puisse perdurer et que l’on continue à investir dans ce type de médecine. L’une des manières, selon lui, serait de simplifier la création de ce type d’établissement en mettant en place une cellule de coordination regroupant l’ensemble des acteurs institutionnels.

À côté de son activité de médecin coordinateur, Koré assure également des consultations dans le cadre de la Permanence d’Accès aux Soins de Santé (La PASS) de l’hôpital Saint Louis qui permet de dispenser des soins aux patients sans droits sociaux, en général précaires et migrants. Une activité annexe, mais qui selon Koré a du sens avec sa vision de la santé en France.

Nous avons pour habitude de demander aux belles personnes que nous rencontrons, le message qu’elles aimeraient vous porter. Pour Kore « Il y a plein de choses très belles dans le 18e, et il faut se battre pour en défendre la diversité. C’est à nous, habitants du 18e de le faire, parce que nous en avons l’opportunité. ». Koré Mognon, c’est donc un médecin engagé et aux projets multiples. C’est un militant, «oui, mais un militant aux pieds sur terre !».