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Ils s'engagent : merci !

Mise à jour le 29/04/2020
Agents publics, commerçants, artistes, associations… Dans le 18e arrondissement, nombreux sont celles et ceux qui s'engagent, à leur façon, dans la lutte contre le COVID19. Lumière sur certains d'entre eux, qui ont accepté de nous accorder leur parole.

Attention, cette page est fréquemment actualisée : de nombreux autres portraits sont à venir !

Nadine F, officier d'état civil à la Mairie du 18e arrondissement

Nadine est l’un de ces rouages grâce auxquels une mairie assure sa mission de service public, même en temps de crise. Officier d’état civil affecté aux mariages et aux décès, elle consacre désormais ses journées entières aux échanges avec les Pompes funèbres générales, hôpitaux et particuliers ayant perdu un proche. Une pandémie rend les procédures plus urgentes encore. Edition d’actes de décès, recherche d’actes de naissance ou autorisation de fermeture de cercueils, il faut administrer vite et bien avec un effectif réduit.
Malgré ses deux heures de transports quotidiennes, pas question pour Nadine de quitter son poste. Mais il a fallu s’adapter, installer des vitres de plexiglas, prévoir gel et masques, ne recevoir qu’une personne à la fois, privilégier mail, fax et téléphone. Faire aussi de la pédagogie, comme avec ce monsieur venu déclarer la mort de son père – due au Covid-19 – qui, ému, a déposé son mouchoir très usagé sur son bureau !
Au tout début, c’était difficile : « J’en rêvais la nuit, je comptais les morts, beaucoup issus du Covid ». Heureusement, l’esprit d’équipe sort renforcé par cette épreuve collective. Les journées, bien remplies, passent vite. A quelques années de la retraite, Nadine continue d’aimer son travail.
À Gagny, Nadine a la chance d’avoir un jardin, sa soupape de décompression. Soigner les plantes lui fait tout oublier. Discrète, elle préfère que l’on ne publie pas sa photographie. Alors imaginons-la, goûtant parmi ses fleurs un repos bien mérité, et disons-lui Merci.

Romain Thomazeau, Responsable Educatif Ville

Romain, 31 ans, est Responsable Educatif Ville (REV). A l’école du 77 rue du Mont-Cenis, en binôme avec la directrice, il est le visage de la politique éducative de la Ville de Paris. Il coordonne l’équipe d’animation et gère les Atsem participant à la vie périscolaire. Il aime aussi développer chez les plus petits l’expression artistique, inculquer à la cantine des réflexes écologiques. Gérer l’administratif, les budgets, les plannings, l’accapare énormément et l’éloigne des enfants. Mais il est là pour les servir.
L’école ayant fermé, Romain s’est rendu utile sur deux autres établissements, rue Hermel et à la Goutte d’Or. Au départ, seuls quelques enfants de soignants y étaient accueillis. Ceux des personnels de la sécurité, de l’alimentation, « de tous ceux qui sont indispensables à la vie du pays », les ont rejoints depuis. Masqué, Romain fait respecter les distanciations sociales aux petits gavroches. A la cantine, les copains déjeunent à un mètre l’un de l’autre. Les modalités d’entrée et de sortie sont adaptées à la configuration de chaque bâtiment. Les lavages de main sont appliqués très drastiquement.
La quinzaine d’enfants profite de la cour, des éducateurs présents et pose des questions qui restent parfois sans réponse. « Ce sont des éponges par rapport à tout ce qui se passe. » La plupart vivent bien la situation, d’autres moins, dont les parents travaillent très tard. Romain, lui aussi, attend de retrouver son équipe. Avec elle, il réfléchit déjà au retour en classes.
Le soir, les familles remercient Romain qui, en retour, les remercie aussi. « C’est l’aspect positif de cette crise, d’être agréables les uns avec les autres, de s’apercevoir que chacun, à sa manière, est utile. » Puis il rentre à pied : vingt-cinq minutes pour soi, seul ou presque, dans Paris. Avant de recommencer le lendemain. Merci Romain.

Assia Bietry, fondatrice de Bobines & Combines

A la faveur d’une reconversion professionnelle, Assia quitte la publicité pour la couture. En 2010 naît ainsi Bobines & Combines, agence de loisirs créatifs avec la couture comme étendard et le lien social comme objectif. Fédérant 33 salariés et 55 auto-entrepreneurs, la société propose des ateliers rue Marcadet et dans toute la France. Au terme d’un travail acharné, Bobines & Combines trouve en 2019 sa stabilité financière. Pari gagné. Le Covid-19 n’a pas encore sévi.
D’abord sonnée par le confinement, Assia décide de réagir : « ce qui me permet de rester debout, c’est aider les autres. » Elle obtient un prêt de l’Etat, maintient en poste une partie de l’équipe et organise des cours interactifs, à distance et en live. Les frais d’inscriptions sont reversés à la Fondation des femmes. Deux amis, l’un infirmier à Bichat et l’autre directrice de l’EHPAD Résidence Ornano, sollicitent alors son aide. Ils manqueront bientôt de blouses et de surblouses !
Dès lors, tout va très vite. Assia organise un atelier. La mairie du 18e met à sa disposition la salle des fêtes : on y installe machines à coudre, centrales vapeur, surjeteuses. Des bénévoles se présentent et un appel est lancé pour récupérer des draps en coton, indispensable matière première. Assia passe ses matinées au lavomatique : il faut tout laver à 90°, tout sécher. Pendant ce temps, son chef d’atelier César répartit les bénévoles, selon leurs compétences, sur les différents postes : coupe, couture, assemblage, repassage. Le patron de l’Agence Régionale de Santé est scrupuleusement respecté.
Quelques jours plus tôt, Assia distribuait ses masques en tissu rue Marcadet, notamment aux personnes âgées. « Et à partir de ce moment-là, enfin, je dormais mieux ». Et encore quelques années avant, Bobines & Combines se lançait tout en consacrant ses jeudis aux enfants malades de l’hôpital Necker. La haute couture se mesure désormais à la générosité d’Assia. Nous l’en remercions.

Abigail Munier et Tommy Kibranian, fondateurs de Bonne Femme Traiteur

Abigail et Tommy ont la solidarité dans les gênes. Leur entreprise de traiteur, Bonne Femme, également. Abigail, CAP cuisine en poche, fait ses preuves en freelance dans l’événementiel et comme chef à domicile. Tommy donne d’abord des coups de main ponctuels, puis la rejoint à plein temps : « on s’est associés, comme un vieux couple des années 1960 ! ». La microentreprise devient une SAS appréciée : événements à 360 couverts, festivals, les opérations se succèdent. Un nouveau local est même inauguré fin 2019, rue du marché Ordener, avec le soutien de la Mairie du 18e. Entre temps, Abigail et Tommy ont accueilli deux bambins.
Déjà éprouvée par les grèves, Bonne Femme subit de plein fouet le Covid-19. Confinés et sans possibilité d’exercer, Abigail et Tommy s’interrogent. Ils ressortent alors de leurs tiroirs une vieille idée : proposer aux habitants du quartier, sous forme de paniers frais à prix raisonnable, des productions ardéchoises, aveyronnaises ou normandes. En régions, les artisans se sentent soutenus. Fruits, légumes, crèmerie, viandes, œufs… les produits ne sont plus cuisinés mais vendus tels quels. « Notre marge est faible, mais nous voulions pouvoir livrer à des personnes que ça pouvait aider, comme des mères seules avec enfant ou des personnes âgées. Nous avons des petits-enfants qui commandent pour leurs grands-parents ! ».
Tous les cinq paniers, un panier est remis à l’Association Aurore, qui héberge des adultes atteints de pathologies psychiatriques rendant leur insertion sociale quasi impossible. « Parce que ce sont nos voisins. Lorsqu’on rencontre des gens dans le besoin, ça fait toujours plaisir de donner ce que l’on peut. » Excédents des buffets, besoin de vider les frigos avant un départ en week-end, Bonne Femme a toujours fait des dons spontanés et discrets : « Ils sont très isolés. On a vraiment lié une relation d’amitié. » Avec le confinement, les besoins se sont accentués. La solidarité a donc pris la forme de paniers. Les retours des résidents sont une récompense.
A Abigail, Tommy et Aurore, un grand Merci.

Emmanuelle Oster, Commissaire divisionnaire de Police du 18e arrondissement

Emmanuelle a intégré la police en 1994 et ne l’a plus quittée. Commissaire divisionnaire du 18e arrondissement depuis novembre 2018, elle connaît par cœur ce territoire multiculturel. Elle y veille énergiquement sur 500 agents et près de 200 000 résidents.
Face à la crise sanitaire inédite, Emmanuelle a dû réorganiser ses équipes afin de répondre aux exigences du moment : assurer le respect du confinement en organisant un maximum de patrouilles, lutter contre la délinquance, qui s’est adaptée. Les commerces intéressent davantage les cambrioleurs que les appartements des confinés ! Entre journées intenses et plages de repos, Emmanuelle alterne avec son adjoint en veillant à protéger les agents. « Ils ne sont pas des supermans et peuvent tomber malades. Etant très en contact avec la population, les risques sont accentués. »
Trop souvent, les règles du confinement ne sont pas intégrées. Le 18e est fortement impacté par le « tourisme alimentaire », quand certains parcourent des kilomètres pour des achats meilleur marché ou associés à une culture. « Le record à battre vient du Loiret, une dame qui a fait 95 km pour faire ses courses à Château-Rouge ! ». Emmanuelle comprend la difficulté de rester confiné. Mais, en période d’urgence, il est impératif de changer ses habitudes et, après la pédagogie, les agents ont dû verbaliser. Pour autant, Emmanuelle est consciente de ses limites. « Allez dire à des toxicomanes au crack qu’ils doivent porter un masque ou se laver les mains au gel hydroalcoolique… Les solutions ne dépendent pas que de la police, elles sont aussi sanitaires et sociales ».
Fière de ses services, elle nous confie : « Ils ont un bon moral et j’en suis heureuse, c’est ma préoccupation majeure ». Des agents administratifs sont repartis en patrouille ; des policiers raccompagnent les soignantes en métro ; avant d’être relivré en masques, le commissariat a donné ses stocks aux hôpitaux. La solidarité des policiers joue à plein et les parisiens le leur rendent bien, qui leur ont spontanément offert gel, masques, viennoiseries et œufs de Pâques ! Merci, Madame la Commissaire.

Dany Thrasibule, conducteur - éboueur

A la fin de son service militaire, Dany entend dire que la Mairie de Paris recrute des emplois jeunes pour trois ans. Il entre ainsi à la voirie, encouragé par la suite à postuler pour un CDI à la propreté. Nous sommes en 2003. « Comme tout le monde, j’ai commencé comme balayeur. Petit à petit, j’ai évolué et suis entré à l’Atelier Spécial du 18e arrondissement. » CACES en poche, il y conduit des véhicules spéciaux, eux aussi : balayeuse, laveuse et jumper, cet utilitaire destiné au ramassage des encombrants. Mais si une zone l’impose, Dany n’hésite pas à intervenir avec pelle et balai.
Avec son coéquipier, Dany est du matin. Sa journée de travail démarre à 5h30, équipé de gants, masques, combinaisons et au besoin de bottes, pour laver le trottoir. « Le 18e a ses bons côtés, mais aussi ses travers ! Il y a malheureusement des zones insalubres. Nous faisons le maximum. » De retour à l’atelier, l’équipement qui n’est pas jeté est lavé dans des solutions désinfectantes, avant la douche obligatoire. Bien se protéger demeure la base de son métier et le Covid-19 a rendu plus nécessaires encore les mesures d’hygiène. Parmi ses collègues contaminés, certains demeurent hospitalisés et tous attendent de leurs nouvelles. L’Atelier Spécial travaille donc en sous-effectif : huit à dix agents, au lieu de vingt à vingt-cinq. La charge de travail s’en ressent ; heureusement, l’équipe est solidaire. « Si une personne a du mal à terminer une tâche, on va l’aider. Comme ça on finit à temps pour que ceux de l’après-midi n’aient pas à s’en charger. »
La vie est paralysée mais les hommes en vert, eux, sont à leur poste. « On continue à faire notre travail, c’est essentiel. On est là pour ça. » Et le regard des Parisiens commence à changer. Il y a bien sûr des gens qui ne sont jamais contents : « on crée des bouchons ! » Mais d’un autre côté, Dany et ses collègues reçoivent de la reconnaissance. « Certains nous félicitent ouvertement, en passant à côté de nous, d’autres nous regardent comme s’ils disaient merci au fond d’eux-mêmes. C’est selon le caractère de chacun. » Ouvertement, nous disons Merci Dany !

Brice Martin, Maker 3D de visières pour les soignants

Brice a 24 ans et travaille dans l’aérospatial. Sa passion est depuis toujours l’impression 3D, il en a donc fait son métier.
Alors que le Covid-19 commence à faire parler de lui, Brice échange avec des amis, des collègues. Tous observent ou entendent dire combien les hôpitaux manquent de matériel de protection, suscitant très vite un élan de solidarité. « Dans tous les pays, des initiatives se sont créées, les gens ont développé des modèles 3D de visières pour le personnel soignant, afin de les protéger – en plus du masque – des projections éventuelles sur les yeux ou le nez ». Spontanément, Brice sait qu’il peut agir aussi. Il possède sa propre imprimante et récupère huit kilos de matières premières auprès de son employeur. Alors en télétravail, il se confine dans son studio du 18e arrondissement et se met à l’œuvre.
Il exécute tout d’abord plusieurs tests à partir de modèles de visières déjà éprouvés. Une fois au point, il parvient à imprimer à la cadence de trois visières en quarante-cinq minutes. Au final, ce seront quatre cent cinquante visières qui verront le jour grâce à lui. « Une visière pèse douze grammes, j’avais donc de la marge ! » Ne sachant trop comment en assurer la distribution, il adresse un message à la Mairie du 18e. Partagé plusieurs fois, celui-ci parvient à l’association 3D Initiative, créée dans le contexte du confinement par quelques anciens de l’école d’ingénieurs Estaca. L’association fait le lien avec l’hôpital de Saint-Denis, heureux de recevoir trois cents visières. « J’ai remis les cent cinquante autres à un collègue non parisien qui, dans sa région, les a transmises à sa municipalité. Celle-ci les a alors distribuées à divers hôpitaux ».
3D Initiative a adressé à Brice une photo de la livraison à Saint-Denis, tout en saluant la qualité des visières : les destinataires étaient très heureux du résultat. « Alors, on est content de savoir que ça a pu servir à quelque chose. » Brice a retrouvé le chemin du travail il y a déjà un mois : « dans le militaire et le spatial, nous avons repris un peu en avance, donc le confinement n’a pas été très long pour moi ». Merci à lui !

Tony Boura, Inspecteur de Sécurité à la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) de la Ville de Paris

Echanger avec les autres : voici le moteur de Tony, ce qu’il aime le plus dans son travail, ce qui l’a guidé vers son choix de carrière. Après avoir débuté comme médiateur et correspondant de nuit, Tony est depuis six ans Inspecteur de Sécurité à la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) de la Ville de Paris, qu’il a rejointe en 2001. Les missions de la DPSP sont complémentaires de celles de la Police nationale. « Dans le cadre d’un partenariat, nous essayons au maximum de travailler ensemble. » Le rôle de Tony est de rassurer la population et de veiller sur elle, dans tout ce qui fait l’âme de Paris : ses jardins, ses marchés…
Habituellement à vélo, Tony et ses trois coéquipiers arpentent désormais en voiture les rues du 18e. Ils ne sont que deux par véhicule afin de respecter la distanciation. En cette période, Tony continue de s’assurer que les secteurs fermés, tels que parcs ou gymnases, n’accueillent pas d’intrus à déloger. Mais surtout, il consacre ses journées au contrôle d’attestations. La direction a mis en place un service de rotation afin que les équipes, en effectifs réduits, assurent deux à trois vacations par semaine. « C’est très enrichissant. Nous avons un rôle de sensibilisation, plus que de verbalisation, bien que nous soyons aptes à le faire et toujours avec discernement. Pour le bien de tous, nous faisons beaucoup de pédagogie. »
La plupart des parisiens ont bien intégré les gestes-barrières. Pour autant, le risque de contamination est réel, le travail moins évident, l’appréhension bien légitime. « Il faut continuer à rester vigilants contre l’invisible. Nous essayons de faire au mieux pour tenir entre nous les distanciations. On peut aussi bien attraper le Covid-19 en allant faire ses courses. J’essaie de m’en souvenir. » Tony accorde une grande valeur à la conscience professionnelle.
Mais rien ne compte autant que sa famille. Le confinement lui permet de voir un peu plus grandir ses enfants : « nous coupons du monde extérieur et profitons de cette période ensemble ». Il voit en cela le seul aspect positif de cette situation inédite. Les petits peuvent être fiers de leur papa. Merci Tony.

Odile Rosset, directrice de l'association Carton Plein

L’association Carton plein naît d’une rencontre en 2012. Un cadre et un sans domicile, s’étant liés d’amitié, imaginent un projet commun : recycler le carton, comme les biffins de Montreuil recyclent le métal. Un an plus tard, Carton plein se trouve vraiment : les cartons sont réemployés plutôt que recyclés ; l’association expérimente le dispositif « Premières heures » de la Mairie de Paris, réinsertion par le travail de personnes en grande précarité.
Urbaniste de formation, les pieds sur terre mais rêvant d’ailleurs, Odile en prend la direction en août 2019. Entourée de dix permanents partageant « un engagement, une envie d’agir », elle y déploie son énergie douce. En temps normal, trente salariés travaillent à leurs côtés en contrats courts sur des collectes, livraisons ou déménagements à vélo. « La moitié sont à la rue ou viennent d’en sortir, mais y restent dans leur tête. Il y a plein de freins et de cicatrices de leur passage à la rue. »
Dans le cadre du Plan Grand froid de la Mairie de Paris, certains gymnases sont transformés en lieux d’hébergement et des repas y sont distribués. L’association est désignée pour assurer ces livraisons peu avant le confinement. Lorsque tout s’arrête, ce dispositif tombe à point nommé pour protéger les sans domicile. Chaque jour, dans le 18e, la petite équipe de Carton Plein leur livre des plateaux repas. « L’urgence est assurée, ils sont très bien accueillis, mais c’est poignant : de l’ennui du matin au soir, pas d’espoir ni d’activité, aucune perspective. »
La priorité d’Odile est de garder un lien avec les « valoristes », ceux qui valorisent les cartons avec elle. « Certains nous ont fait entrer dans leur lieu de vie. On a vu ce que c’était d’être confiné à six avec un bébé dans 20 m2. » Quelques-uns sont injoignables ; pour d’autres il a fallu trouver un abri… « On fait notre petite part là où nous pouvons répondre présents, mais il en reste tellement à côté ! » Odile ne cherche pas à se blinder : « Ça donne plutôt envie d’agir ! ». Elle s’oxygène et trouve une forme d’apaisement grâce à sa famille. Merci à elle !

Carton plein recherche actuellement un développeur bénévole pour l’aider à transformer son site Internet. Vous pouvez aussi soutenir l’association autrement : don financier ou don de temps (pour des cours de français, coups de main informatiques, appuis sur la communication, organisations de sorties culturelles, etc.). https://cartonplein.org/

Frédéric Loup, Gérant de la Pharmacie du Tertre, Coprésident de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris

A l’instar du Passe-muraille, Frédéric est un personnage montmartrois. Au côté de son épouse, il anime depuis trente ans la Pharmacie du Tertre, à deux pas du Château d’eau. Au « village », il connaît tout le monde. En première ligne sur une butte confinée, la pharmacie devient du jour au lendemain le seul commerce d’altitude encore ouvert. La fermeture est avancée d’une heure, au jour, par sécurité : des « chats de gouttière » rôdent alentour, en quête de dose et d’argent. Beaucoup de questions inquiètes et autant d’appels téléphoniques : il faut écouter et rassurer.
La pharmacie vit le Covid-19 au rythme des rumeurs médiatiques. Munis d’ordonnances de complaisance, certains patients demandent de la chloroquine : « Sans indication de la posologie. Tout le monde en voulait ! ». Puis viennent le tour du paracétamol, celui des anti-inflammatoires, de la nicotine… « On nous demandait : dois-je me mettre à fumer ? Les gens étaient affolés. » Les masques n’arrivent qu’en très petite quantité et certains sont volés par une des entreprises de livraison. Or Frédéric doit en réserver aux soignants. « On se faisait insulter par des patients qui n’en trouvaient nulle part. » Et puis on parle de sérialisation du test. Pas simple à gérer, là non plus. Mais Frédéric y tient beaucoup : quoi qu’il arrive, le pharmacien écoute, rassure, conseille et oriente. Ce sont les quatre grandes missions de la vie officinale.
Frédéric participe volontairement à la distribution des 2,2 millions de masques offerts par la Ville de Paris. « C’est une initiative très complexe technologiquement et qui marche du tonnerre. Mais il faut donner de sa personne, expliquer comment l’utiliser, le poser, le laver… » Gracieusement, les pharmaciens participent au succès du dispositif. La plupart des officines parisiennes jouent le jeu.
Président de l’Association des commerçants du Haut Montmartre, Frédéric est très inquiet pour ses confrères. « Les aides ne sont pas arrivées, qu’il s’agisse des charges, des prêts, des chômages partiels. Pour tous, c’est terrible. » Son sens du collectif ne l’abandonne jamais. Merci à lui.
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Propos recueillis par Marc Legrand

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